Historique

Verderonne, un théâtre d’Histoire et de destinées.

Le nom de Verderonne apparaît pour la première fois en 1060, gravé dans un diplôme royal : Philippe Ier y cède ses droits sur ces terres à l’abbaye Saint-Lucien de Beauvais — un acte fondateur, comme une bénédiction primitive.

Au XIIIe siècle, la seigneurie entre dans la prestigieuse maison de Villers-Saint-Paul, alors l’une des plus illustres familles du Beauvaisis. C’est sur ces anciennes fondations que, bien plus tard, naîtra le château tel qu’on le devine encore aujourd’hui.

En 1586, Gilles de l’Aubéspine, homme de lettres et de pouvoir, acquiert le domaine. Il y érige un château sur les ruines médiévales, immortalisé par une gravure d’Israël Silvestre — trace gravée de pierre et d’encre. Son petit-fils, Claude, fidèle à la monarchie pendant la Fronde, voit sa terre érigée en marquisat : Verderonne devient un symbole d’allégeance et de noblesse.

À la génération suivante, Charles de l’Aubéspine tient les rênes de Verderonne et du domaine de Stors. Puis vient Étienne-Louis, marquis de Beaucourt, qui, en 1725, donne au château son visage définitif. En 1733, Saint-Simon en personne vient saluer ses cousins — apogée d’un domaine devenu scène aristocratique.

Mais la grandeur n’est jamais éternelle. En 1738, ruiné, le marquis cède Verderonne au comte d’Andlau. Ce dernier y reçoit l’élégante Marie-Henriette de Polastron, dame d’honneur des filles de France, bientôt exilée pour avoir introduit un ouvrage jugé licencieux à la cour.

Leur fils, Henri-Antoine d’Andlau, épouse Geneviève Helvétius, fille du célèbre philosophe des Lumières. Dans les jardins de Verderonne, on murmure alors les idées nouvelles et les secrets d’alcôve du cercle de Marie-Antoinette, dont Henri-Antoine est proche par sa cousine, la comtesse de Polignac.

Puis le temps passe. En 1884, le domaine est cédé par le général d’Andlau, sénateur de l’Oise, à un banquier parisien, M. Baudrier. Verderonne entre dans une nouvelle ère, conservé dans sa majesté… jusqu’à sa lente déchéance dans les années 1960.

Aujourd’hui, après des décennies d’oubli, les propriétaires actuels redonnent vie à ce lieu hors du temps. À chaque pierre restaurée, c’est un fragment d’histoire qui revient à la lumière.